Philippe Duhamel - Aspirant guide de haute montagne | Dôme de Neige des Écrins : Versant N

Dimanche 7 et lundi 8 juillet : Cela faisait déjà un bout de temps que je devais sortir avec Marc (ami scout). Aléas du planning et de la météo, c’est tombé sur cette fin de weekend ou nous avons décidé d’aller au Dôme des Écrins par la Voie Normale, c’est à dire :
Pré de Madame Carle > Nuit au refuge des Écrins > Dôme des Écrins (puis la Barre si bonnes conditions) > et descente …

La veille du départ je me penche sur la carte et Google Maps pour me rendre compte qu’il faut 3h pour aller de Grenoble au parking du pré de Madame Carle. Erf, c’est loin ! Du coup je regarde si l’approche ne peux pas se faire depuis la Bérarde (1700m) et le col des Écrins (3300m) ce qui ferait 1h30 de route en moins … Le col des Écrins est un peu technique à passer mais nous l’avions déjà repéré cette hiver lors d’une rando à ski avec Jean … en plus il y a un câble pour finir dans les pas en mixte. Bon ben go alors …
Ah oui, ça fait aussi 500m de D+ en plus mais ça c’est peanuts (… et en fait ça ne le sera pas !).

Dimanche, 13h, un saucisson-fromage plus loin nous attaquons la marche d’approche dans le vallon de Bonne Pierre. Il fait bien chaud et pas un chat ! C’est bien, ça change un peu de Chamonix (c’est « Disneyland » là-bas !). Au fur et à mesure de la montée le Col des Ecrins apparaît, pente de neige plus ou moins raide (selon les avis), un peu expo à cause d’une traversée à faire au dessus d’une barre rocheuse.

Arrivés au pied du col nous faisons le point : La pente de neige à franchir donne un peu la trouille à Marc, la marche d’approche l’a déjà bien entamée et le col se retrouve de temps en temps dans les nuages. Après des hésitations de la part de Marc et l’appel à un ami (le gardien du refuge ! ) qui s’est montré rassurant, nous décidons de nous engager.

Malgré les marches dans la neige pour la montée finale au col, Marc est pas rassuré et fatigué. Le temps défile et les mètres sont gagnés chèrement. Puis c’est l’arrivée finale au col ou nous tirons sur le câble pour franchir les derniers mètres en mixte. Le Dôme des Ecrins apparaît alors … mais il n’est pas le seul à se rappeler à notre souvenir : un orage est sur le sommet des Agneaux (3660m) et le vent semble pousser les nuages dans notre direction. S’ensuit alors une descente haletante du col au refuge ou nous courrons presque sur le glacier, je tire la corde et Marc, au bout, me suis. Nous attaquons la dernière pente alors que la grêle commence à tomber. L’orage n’est pas encore là mais les précipitations oui.

Arrivée au refuge, 21h30 : tout le monde est couché sauf la gardienne et une cordée qui nous ont vu arriver de loin. Dehors ça gronde et cogne de partout. Marc a tout donné et il lui faudra un bon bout de temps pour récupérer. Finalement la décision est prise de ne pas faire le Dôme à cause de l’épuisement et de l’heure tardive, puis de descendre tranquillement (en rappels) le lendemain par le col.

Lors du retour nous passerons au pied du Dôme ou sont engagées une dizaine de cordées. Les conditions semblent idéales pour l’ascension, ça fait mal au cœur mais nous savons que la bonne décision a été prise.

Deuxième échec pour le Dôme (La première fois en ski de rando cet hiver) : si je n’avais pas été si gourmand c’eut peut être été possible. A charge de revanche !