1h00 : Avec Jean, nous sommes les premiers levés du refuge. Nous avons passé la journée de la veille à scruter la face sud des Courtes pour y déceler l’itinéraire de montée … et de descente, surtout. La course que nous avons prévu est longue et nous nous sommes mis plusieurs jalons pour éviter d’exploser l’horaire et d’entamer la descente dans de la « neige dangereuse ». L’itinéraire est, aux vus des topos et discussions sur C2C, rarement parcouru dans sa globalité. Et c’est ça qui m’a plu : sortir un peu des sentiers battus et des lignes de pitons-spits si communs dans le massif du Mont Blanc.

1h30 : Nous voila en train de marcher pour rejoindre l’attaque de la pente de neige. Le matériel emporté à été réduit à son strict minimum, 4 coinceurs, 6 sangles,  3 dégaines et ma paire de chaussons d’escalade (plus matériel de glacier … ). Après le passage de la moraine, la pente se raidit doucement. Jean part devant, comme une flèche, et le halo de sa lampe frontale commence à gravir plus vite la pente de neige que la mienne. Décidément, nous n’avons pas du manger les même céréales ce matin.

4h45 : Nous arrivons au sommet des Courtes avec plus d’une heure d’avance sur notre planning prévisionnel. Ça fait plaisir … et donne confiance pour la suite. Il fait encore profondément nuit et nous voyons beaucoup de frontales à l’attaque de différentes voies … Argentière, Mont Blanc, Talèfre, etc. Puis c’est la traversée de l’arête Est qui commence, facile mais demandant de la concentration à chaque pas.

7h00 : Arrivée au Col des Cristaux. Nous sommes devant la face ouest de l’Aiguille Ravanel et avons du mal à déchiffrer la voie qui mène à la brèche. Les topos sont peu clairs, avec pas assez (ou trop) d’explications qui ne semblent pas concorder. Nous décidons finalement d’aller à l’attaque en choisissant le moyen le plus simple : 30m de désescalade puis remontée directement dans la brèche qui sépare les deux aiguilles … l’idée fut loin d’être bonne 🙁
Après une petite traversée vers la droite je me retrouve au pied d’un goulet tout péteux… et là c’est le moment transpiration de la journée ! … Rien ne tient, les prises que je prend dégringolent, les blocs de rocher se dérobent sous mes crampons et tout prend la voie des airs. Bien sur, il n’y a aucun moyen d’avoir pleine confiance dans les points de protection … En gros c’est du dry tooling sur un monticule de « gros Lego bien lourds en équilibre ».
Après la première longueur Jean me rejoint et nous faisons le bilan. Maintenant engagés, seule la sortie vers le haut de ce goulet nous semble être une option envisageable. A lui de repartir en tête … bien heureusement le relais improvisé est légèrement décalé de la trajectoire des pierres envoyées par le grimpeur, mais ça siffle à mes oreilles … en un seul mot : Verdun.

9h00 : Avec Jean nous sommes unanimes : la voie « normale » ne passe clairement pas par là, c’est clairement trop dangereux. Nous avons mis 2 heures pour rejoindre le haut de la brèche entre les deux aiguilles et l’horaire est encore bonne. Prochain objectif : l’aiguille Mummery.
Pour éviter de perdre trop de temps avec l’escalade en grosse, nous avons choisi d’emmener une paire de chausson. Ceci permettra au premier de cordée d’ouvrir un peu plus vite les longueurs pour le suivant. L’escalade de la face Est de l’aiguille est juste magnifique, gros contraste avec l’escalade dans la brèche. Nous sommes en plein soleil sur du granit rouge et compact, avec de belles fissures … un ravissement.

10h : Nous voila au sommet de l’aiguille Mummery, juste le temps de prendre photos et vidéos et nous entamons la descente en rappel coté Est jusqu’à la brèche.

11h : Je me hisse au sommet de l’aiguille Ravanel ou Jean m’attend tout sourire : on l’a fait ! La course n’est certes pas finie mais on a réussi l’enchaînement … et dans un temps pas degueu du tout … l’acclimatation constante depuis début juillet et la bonne condition physique nous ont aidés.

12h : C’est la fin des rappels et nous enchaînons avec la descente … bien que la neige soit revenue à point, il faut slalomer en crampons entre les difficultés pour rejoindre le glacier. C’est long, mal commode, il commence à faire chaud et certains pas de désescalade prennent du temps. Bref … un retour d’une longue course quoi !

14h : Retour au pied du refuge. Clap de fin. Certainement ma plus belle course de montagne de la saison (pour le moment 😉 ) … et peut être pour Jean aussi. 13h d’effort et de concentration. La fatigue est autant physique que nerveuse mais nous sommes ravis.
J’ai aimé : l’endurance nécessaire pour tenir l’horaire, l’enchaînement pente de neige > arête > escalade, la relative paix (croisé personne de la journée), la beauté de l’itinéraire avec une magnifique vue sur les Grandes Jorasses, le Mont Blanc, les Aiguilles, Argentière …
Bref, on a envoyé du pâté … et j’ai kiffé !

Vidéo des sommets :

Au sommet des Courtes ... dans la nuit !

Au sommet des Courtes ... dans la nuit !

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Lever de soleil

Lever de soleil

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Sur l'arête des Courtes

Sur l'arête des Courtes

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Aiguille qui remue

Aiguille qui remue

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Jean dans les pentes de neige

Jean dans les pentes de neige

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Ascension Mummery

Ascension Mummery

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