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L’Aiguille Verte par le Couturier

02 Mai 2015 / 4 Comments / in Sans catégorie

Avec ce créneau de beau temps, impossible de rester au bureau et de louper une belle ascension dans le massif du Mont Blanc. En plus, on m’a enlevé le plâtre à la main depuis 3 jours, ça se fête ! Champagne ! Enfin pour le coup ça sera plutôt neige-fondue-dans-un-camel-bag-qui-sent-le-plastique ! C’est tout de suite moins sexy …

Dans la théorie, c’est simple :

  • On dort dans la gare de téléphérique des Grands Montets (3300m)
  • On se laisse glisser à ski au pied du couloir Couturier
  • On gravit les 1000m de couloir en 4 heures pour arriver au sommet de l’Aiguille Verte (4122m)
  • On tire les rappels dans le Whymper
  • On se laisser glisser en ski jusqu’au Montenvers
  • Je rentre à Annecy tôt et j’ai encore tout l’après midi pour poser du parquet.

Mais quel homme ! Y’a pas de doutes, si je faisais de l’alpinisme sur le papier, je serais à la montagne ce que Jeff Mercier est au Dry : un sur-homme !

Malheureusement (ou bienheureusement) il y a …. la pratique.

Déjà t’es déchiré ! Cherche pas, c’est comme ça. Il est minuit, t’as dormi 3h dans les toilettes surchauffées de la gare et tu passes ton temps à vider-refaire ton sac pour ne pas oublier un truc. Les chaussures de ski sont froides, elles font mal aux pieds, le sac est trop lourd, tu mets une polaire que t’enlèves 10 minutes après parce qu’il fait trop chaud …
Ensuite tu galères pour repérer l’attaque. La rimaye passe bien mais au lieu de faire une belle traversée pour se remettre dans l’axe du couloir, t’es monté tout droit, dans la neige posée sur des dalles et tu perds 3 plombes à redescendre pour prendre la bonne attaque. En plus, tu ne vois rien avec le halo faiblard de ta frontale parce qu’il est 3 heures du matin … L’année prochaine c’est décidé je fais du golf.

L’ascension démarre, le binôme suit. Tout semble aller enfin dans la bonne direction mais c’est de courte durée car de la glace apparaît … erf. Faut délover, la corde, sortir les 5 broches et partir en corde tendue. 200m avec 5 broches. Soit une tous les 25 mètres … normal. Et là tu penses à ce fameux dicton : Mettre des points c’est pour ceux qui savent pas grimper ! (joke inside)

200m plus loin la glace redevient beaucoup plus tendre … Pas possible de s’assurer … Tu t’arrêtes, remballes la corde et essaye de boire. Peine perdue, l’eau a gelé dans ton Camel Bag. Tu insultes silencieusement les lois de la physique et tu reprends ce rythme incessant :

piolet-droit-piolet-gauche … crampon-droit-crampon gauche …. respiration …  piolet-droit-piolet-ga …. respiration …
« %&$?@ mais qu’est ce que j’ai mal au mollet »

Ça fait 100 mouvements que t’as pas lâché ta cadence. Parce que oui tu les comptes, vu que t’a que ça à faire (Le Couturier c’est juste une bande de glace de 1000m, inclinée à 60°)
Ça fait également longtemps que tu n’as pas été en altitude … et tu es en train de payer pour ça  ! T’as la respiration d’un (très) vieux bouledogue asthmatique et ton cœur pourrait donner le rythme du tube Rock N’ Roll de Led Zeppelin. Tu faisais le malin au bureau « Ouais, la haute altitude, je connais … » et ben là tu regrettes un peu de justement ne pas y être, au bureau. Ah les enfoirés qui doivent être en train de manger des croissants.

Bon, c’est pas le moment de tergiverser, le sommet est encore loin. Bien sur, l’altimètre s’est éteint vu qu’il fait froid et que la batterie n’était pas rechargée. Par hasard tu testes – sans succès – de tirer de l’eau à la pipette pour voir si une anomalie dans les lois de la physique aurait fait fondre la glace par miracle. Quel innocence !

8h du matin, arrivée au sommet. 6h d’ascension sur la pointe des pieds des crampons. Qu’est ce que c’était long  ! L’Aiguille Verte tout de même car comme l’a dit Rebuffat : Avant la Verte on est alpiniste et après…. mais là, t’oublies la suite, car  tes mollets se vengent de leur avoir fait subi ça sans les hydrater!

Tu te prends en photo. Toujours la même photo d’ailleurs, en tenant ton pov’ compact à bout de bras. Deux têtes, avec le casque, les lunettes de soleil, la capuche de la Gore Tex (Ton cousin pourrait t’y remplacer, personne ne s’en rendrait compte) … le nez qui coule, l’écume au lèvre, la crème solaire qui dégouline … si par malheur t’as enlevé ton bonnet, ton front sera comme un genou d’éléphant … et sur la photo, on verra au loin un sommet enneigé que tu identifieras comme les Grandes Jorasses. Rien que ça !

Bref, le Couturier avec Xavier – sans être acclimaté – c’était bien … mais on a payé.

On a pas pris de photo au sommet, mais cette – superbe!- vidéo :

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4 Responses to L’Aiguille Verte par le Couturier

  1. wattier family says:

    Merci pour le joli message adressé aux golfeurs…on prend note l’ami.

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  2. Tonio says:

    belle vidéo !

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  3. platon gilbert says:

    Oui! belles vidéos. dans ton camel-bag tu as essayé l’antigel?
    mdr!

    Répondre
  4. chapi says:

    Bravo les gars! Certes c’était certainement difficile, mais maintenant, vous avez fait un couloir mythique dans la poche ;-). Fred.

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