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Grépon : Mer de Glace

22 Juin 2014 / 6 Comments / in Sans catégorie

Pierre : « Allo Philippe … Ouais, on est un nombre impair et demain on voudrait faire Grépon Mer de Glace … Çà te tente de venir ? »

En un instant je deviens une pile électrique. Parcourir Grepon Mer de Glace c’est grimper l’Histoire. Grimper au sommet du Grépon 3482 par le verant Mer de Glace 😀 Souvent citée comme une des plus belles courses du massif, cette voie serpente dans une immense paroi de 800 mètres de granit presque parfait. Ouverte en 1911, cette voie a aussi le premier passage coté 5+ du massif et son passage sera décrit entièrement, mouvement après mouvement, dans le topo Vallot. Une première ! La proposition de Pierre ne pouvait donc que me tenter. En plus elle faisait partie de mes projets pour la période estivale … j’aurai un peu d’avance !

Jeudi soir j’arrive au parking du Montenvers. Le train est fermé depuis quelques heures je devrais donc me taper toute la montée à pied  jusqu’au refuge de l’Envers ou m’attendent Pierre, Numa et Marine. Même pas peur, je sors juste du bureau, je suis surmotivé !

Lever 4 heure. Pendant le petit dej’, je fais la connaissance de Marine et Numa et vu leurs expériences montagne je me sens un peu comme le « stagiaire » du groupe. 1h plus tard nous voila à l’attaque de la voie. Constat sans appel, le rocher est encore trempé des précipitations de la veille. Priant pour un prompt et chaud lever de soleil, Pierre se lance à l’attaque.

Mixant courtes longueurs et corde tendue, on trace dans la première partie de la voie jusqu’au croisement de la voie normale de l’aiguille de la République. L’itinéraire devient ensuite plus incertain et nous errons un peu, à la recherche du fameux rappel de 12m permettant la descente dans le couloir. La paroi est immense et on se sent un peu perdu dans se dédale de dalles, de fissures et de blocs.

A mon tour de grimper en tête je me met un combat dans un passage bien raide avec quelques grattons pour poser les pieds. Alors que je souffle comme un buffle après le réta, Numa me rattrape par la droite en souriant « Ben t’as pas vu, y’avait un passage plus facile à droite » … erf, le boulet !

Au final nous tombons sur un rappel nous permettant de traverser le fameux couloir. Ce n’est certainement pas celui de 12m mais c’est celui qui nous semble, sur le moment, le plus engageant. Une fois le couloir traversé, les longueurs deviennent un peu plus grimpantes. Nous ne savons toujours pas si nous sommes dans la voie – ou non. La progression est aisée mais impossible de se situer par rapport au tracé. A chaque vire importante nous nous posons la question si c’est la fameuse « niche des amis » … ou pas !

On se retrouve alors tous les 4 sur une large terrasse . A gauche : une cheminée accueillante. A droite : une fissure raide et semblant déversante. Bon … après quelques hésitations je pars dans la cheminée de gauche. Un relais dans la longueur me conforte dans notre choix. Mais arrivé au bout c’est un triste constat. Échec critique, c’est un cul de sac. Numa et Marine décident donc de tenter la fissure à droite pendant que je désescalade la cheminée. Quelques minutes plus tard, Pierre me confirme qu’ils ont trouvé la fameuse « niche des amis ». On regarde le topo. Le sommet est encore loin, mais au moins nous sommes sur le bon itinéraire.

Le tracé de la voie m’a semblé plus évident par la suite. Par contre le niveau des passages a aussi augmenté. On fait de moins en moins de corde tendue et de plus en plus de longueurs. Vu le rocher et les coincements de pied nécessaires je suis juste content d’être resté en grosses. Les chaussons d’escalade sont au fond du sac … et y resteront.

Nous rejoignons Marine et Numa sur la fameuse vire en traversée à gauche. Vue imprenable sur l’Aiguille de Roc, je reconnais les photos postées sur les blogs et sur C2C. Le sommet semble maintenant à notre portée mais les longueurs grimpantes ne sont pas finies.

Les deux dernières longueurs d’escalade avant la brèche Balfour font souffler. Après 11h d’escalade et de cheminement il n’y a plus vraiment « d’éthique de la grimpe » et je tire allègrement sur un coinceurs en bois traînant là pour sortir du dernier passage difficile et rejoindre la brèche.

Il est 16h et la décision collective est prise de ne pas faire les 50m d’aller retour au sommet mais d’entamer direct la descente. J’avoue être un peu déçu mais je suis « les anciens ». Ça me donnera l’occasion de revenir courir dans la voie avec Jean ou de faire un bivouac photogénique au sommet avec Fred 😉

On enchaîne rappels et pas de désescalade pour arriver ensuite à la fameuse « terrasse du CP ». Un sentiment indicible m’envahit. Depuis le temps que je lis des topos ou des comptes rendus de courses dans les aiguilles de Chamonix, je viens d’arriver à un point remarquable du massif. La terrasse du CP, son rappel et son bloc coincé. L’Histoire.

Il faudra encore descendre le glacier des Nantillons et ses crevasses pour rejoindre le refuge du Plan de l’Aiguille et y arriver vers 20h. Ouf.

Quelle course ! C’est long, très long et j’aime ca. C’est beau, l’ambiance est au rendez vous et le granit – qui sent bon le soleil (JD si tu me lis 😉  ) – est magnifique … mais agressif pour les doigts ! Je me suis cependant laissé surprendre par certains passages qui étaient plus grimpant que ce que laissait deviner le topo, ils avaient le mental les anciens en 1911. Bref une course qui est certainement dans mon top 3. Merci encore à Marine, Numa et Pierre pour ces moments.

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6 Responses to Grépon : Mer de Glace

  1. jeanf says:

    yes…. comme d’hab GG la rédaction….. Rhhhhhhhhhhhhhhaaaaaaaaa

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  2. JD says:

    Top Phil merci pour le récit, GMDG fidèle à son mythe et sa réputation de couse pomatoire !

    Bon vu qu’il s’agît de l’histoire, je me permets une petit correction : il me semble que c’est « Terrasse CP » pour « Charlet-Poset », rien à voir avec l’école élémentaire de Chamonix.

    Répondre
  3. JD says:

    Édit les topo disent « terrasse du cp », pour « charlet Payot » probablement parce que sa porte le nom des initiales gravés,pas des mecs. Désolé donc.

    Répondre
  4. chapi says:

    Youps! Je viens d’apprendre la délibération du CVCPMT (comité de validation des courses pour les moins de 30 ans) et du fait que tu n’es pas passé au sommet, tu es soupçonné de « tire-au-flanc-dise » (pas chance, juste après un ultra-trail). Du coup, la course ne sera validée que si tu la refais un vieux (genre moi par exemple ;-).

    Bien joué!

    Chapi.

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  5. Farouk says:

    alors le comité s’est réuni ce jour et le vieux est moi, désolé je suis l’heureux élu !!
    Fred on y va dés que possible !! au moins phil a repèré la course, on cherchera sur les derniers 50m !!!
    cool

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  6. Philippe Duhamel – Alpinisme Kayak et Ultra Trail | Grépon : Mer de Glace, le retour says:

    […] prend la même voie parcourue il y a un mois, on change le pote au bout de la corde, et on recommence. Sommet du Grépon (3482m) par le versant […]

    Répondre

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