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Raid à ski (5 jours) dans les Ecrins

02 Mai 2013 / 2 Comments / in Sans catégorie

Court résumé pour ceux qui n’ont pas envie de tout lire (les photos sont en bas de l’article) : Je suis partis 4 jours en ski de rando dans les Écrins avec Jean. Ce fut une riche expérience de cordée, un beau raid avec des passages alpins … à l’origine nous devions partir en Vanoise mais les abondantes chutes de neige la veille du départ nous ont redirigés vers les Écrins.
Dénivelé total 6400m (J1: 450, J2: 2200, J3: 2300, J4: 1450, J5: prévu 700, fait 0 ! ) 

J-1
Avec tout ce qui vient de tomber (fin avril !!) nous venons juste de changer notre destination pour les Écrins. Dommage pour Jean qui avait planché si longtemps sur les cartes de la Vanoise. Dans nos multiples appels Skype, on sent cette petite appréhension pré-course : et si la neige est dégeu ? et si la météo est pas si top qu’annoncée ? et si on a pas la caisse ? et si et si et si …

J1
Parking Pont d’Arsine > Refuge de l’Alpe de Villar d’Arêne
20h : ça chausse après le refuge du Pas de l’Ane. Bien qu’il soit déjà tard la température extérieure est élevée et rapidement toutes les couches de vêtements tombent dans le petit raidillon. Nous arrivons au refuge de Villar d’Arêne, une petite heure plus tard. A peine couchés, un de nos compagnons de chambre se met à ronfler … ambiance !

J2
Refuge de l’Alpe de Villar d’Arêne > Pic de Neige Cordier
3h30 : « Phil tu dors ? » Jean vient de me poser la question …. Nos voisins matinales ont été bruyants en se levant plus tôt. Du coup, nous partons du refuge (4h30) un peu avant l’heure prévue, frontale sur la tête, avec comme premier objectif le sommet de Neige Cordier (3614m) ! La montée du couloir Est de la brèche de la Plate des Agneaux et le mixte pour rejoindre le sommet de Neige Cordier seront les plus beaux passage en piolet crampons de la journée.
Pic de Neige Cordier > Col Emile Pic > Roche Faurio
Après les classiques photos sommitales nous rejoignons le col Emile Pic ou le haut du col, légèrement en glace, nous oblige à tirer un rappel. Puis c’est la première descente du raid, qui nous fait vite déchanter … la neige est croutée,immonde et c’est la boite assurée un virage sur deux ! Le genre de pentes enneigées qui fait penser que sur Terre il existe des coins beaucoup plus agréable où vivre !
Une fois en bas, nous repeautons les skis et remontons le glacier blanc – un faux plat mort long – puis attaquons Roche Faurio par la Face Sud. Il est 13h, il fait chaud et la crème solaire coule dans les yeux avec la transpiration … du pur bonheur à partager !
Roche Faurio > Refuge des Ecrins
Au « presque » sommet de Roche Faurio (les quelques pas de mixtes aériens nous ont dissuadé de finir) nous prenons les traditionnels photos sommitales face au Dôme des Ecrins. La descente jusqu’au refuge des Ecrins se fait dans une neige « smooth » et rattrape le ski degueu’ du matin. Entre temps j’ai brûlé sur le coté des cuisses (merci les ouvertures latérales du pantalon) et Jean s’est mis un coup de piolet en taillant les marches, la cordée de bras cassés !
Arrivée : 15h30

J3
Refuge des Ecrins > Dôme des Ecrins > Col Emile Pic
5h30 : Nous remontons une nouvel fois le glacier blanc avec, cette fois-ci, le Dôme des Écrins pour objectif. Arrives à 3900 m (100 m sous le sommet) nous renonçons de finir : on est dans la poisse, au milieu des séracs, avec du vent, quelques flocons et des onglets tenaces ! Exceptée la météo, la descente du Dôme jusqu’au bas du col Emile Pic fut top.
Et puis rebelote -toujours le même cirque- on déchausse les skis, met les peaux, enlève les vestes et libérons les talons pour la montée du col. Les dernières dizaines de mètres (coté Sud du col) passent en crampons avec les skis sur le dos – Jean me met à chaque fois à l’amende dans ces phases de transition. Sûrement ses nouveaux crampons-alu-Camp-ultra-light 😉
Col Emile Pic > Glacier de la Plate des Agneaux
Arrivés au sommet du col nous pensons trouver de la bonne neige pour la descente coté Nord. « Que nenni messire », nous enchainons traffole, croûte, traversées de coulées d’avalanches, neige dure et lourde … pour finir en désescalade avec les skis sur le dos … Rhaa !
Glacier de la Plate des Agneaux > Refuge Adèle Planchard
Entre temps le ciel s’est complètement dégagé et 900m de D+ (dénivelé positif 😉 ) nous attendent encore pour rejoindre le refuge Adèle Planchard. Le concept du « morceau de beurre dans un micro-ondes » est complètement illustré quand nous remontons au fond du vallon sous un soleil de plomb où les contrepentes réverbèrent les rayons du soleil.
Arrivée : 15h00

J4
Refuge Adèle Planchard > La Grande Ruine > Col de la Casse Déserte
5h30 : quelques nuages s’accrochent encore à tous les sommets et nous partons en direction du sommet de la Grande Ruine. Ça commence à tirer un peu partout mais le lever du soleil rougeoyant fait vite oublier les courbatures et ampoules. Nous arrivons les premiers au sommet dans la poisse … décidément c’est pas de bol ! Nous décidons de ne pas trainer et rejoignons le Col des Neiges puis le Col de la Casse Déserte …
Col de la Casse Déserte > refuge du Chatelleret > refuge du promontoire
Là ce fut THE surprise, la descente du col jusqu’au refuge du Chatelleret (1200 D-) est en neige bien dure, presque un billard, puis en petite moquette ! Les carres sur la neige font un peu de bruit mais au moins on ne casse pas la croute à chaque virage … il y a des petits plaisirs comme ça ! Une fois de plus nous nous retrouvons au fond du vallon (10h30) avec 900 D+ à remonter pour gagner le refuge du Promontoire (13h00). Mes ampoules aux pieds déjà conséquentes (vive les chaussures de ski neuves jamais portées) vont encore plus s’étendre …
Arrivés au refuge nous discutons nivologie & météorologie avec le gardien. Les conditions ne s’annonçant pas bonnes pour le lendemain une cordée décident de poursuive avec le tour de la Meije … Je sens Jean trépigner mais mes pieds m’interdisent de continuer pour aujourd’hui.
JD et Nico nous rejoignent au refuge pour passer finalement ensemble le reste de l’après midi.

J5
Refuge du promontoire > La Bérarde > Parking Pont d’Arsine
4h30 : Le gardien toque à la porte. Constat implacable : la visibilité pourrait passer mais il a fait trop chaud pendant la nuit, pas de regel (à 3000m) du coup c’est râpé pour le tour de la Meije. En plus Jean et moi avons été malades pendant une partie de la soirée + nuit (neige fondue et/ou insolation). Nous nous rendormons donc pour finalement descendre à la Bérarde sous la pluie (encore à moitie malades).

En attendant le taxi (pour rejoindre notre voiture sur l’autre versant de la montagne) nous faisons ce constat : une fin de raid un peu dure mais les 4 jours ont vraiment été bénis. C’était beau, plaisant, sportif, parfois long et éprouvant mais on peut dire « qu’on a vu du pays ». Bref, une riche expérience qui a éprouvé (dans le sens « Tester quelque chose pour vérifier sa valeur, sa qualité ») notre cordée ! Merci Jean !

Quelques notes, en vrac :
– Les TLT5 performance + les fix Plum ce n’est pas forcement le meilleur combo. Une glissade en mode montée peut vous faire déchausser de façon intempestive (le bout de la chaussure vient taper le loquet)
– Si tu subis c’est que tu vis ! Dixit une cordée de chasseurs alpins.
– Toujours dans les dictons : Il vaut mieux regretter d’être en bas que regretter d’être en haut.
– Ce que nous avons chanté à tue tête dans la montagne : Fous ta cagoule de Fatal Bazooka
– Même à 3000 les choucas sont des animaux très gourmands 😉

Petit encart (le dernier) :
Nous avons testé, avec beaucoup de succès, un élastique de tractage. C’est moi qui est du me faire tirer, au début j’ai dû avaler mon amour propre (qui est au moins aussi large que ma paire de ski Mantra) mais les bénéfices pour la progression d’une cordée valent vraiment la peine :
– L’élastique permet de rester « au contact » l’un avec l’autre (c’est quand même plus sympa)
– Quand on est derrière cela donne et oblige à garder un rythme
(Pensez a faire des pauses tout de même sinon vous risquez de voir le second perdre le son et l’image au bout d’un moment)
Bref un accessoire « indispensable » quand l’un des deux membres est plus faible à cause du niveau technique ou de la fatigue. A 10 € chez Casto.

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2 Responses to Raid à ski (5 jours) dans les Ecrins

  1. JC says:

    « qui est au moins aussi large que ma paire de ski Mantra » ha ha ha !
    Tu aurais aussi pu dire « qui est au moins aussi grand que le débattement des TLT 5 » 😉
    Nice raid indeed !

    Répondre
  2. Philippe Duhamel – Alpinisme Kayak et Ultra Trail | Dôme de Neige des Écrins : Versant N says:

    […] est un peu technique à passer mais nous l’avions déjà repéré cette hiver lors d’une rando à ski avec Jean … en plus il y a un câble pour finir dans les pas en mixte. Bon ben go alors … Ah oui, […]

    Répondre

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